Toucher la terre ferme

Julia Kerninon, L’Iconoclaste, janv. 2022, 116 p., 15€

J’avais adoré « Liv Maria », et « Ma dévotion« , et je me suis délectée à l’idée de ce nouveau livre. Beaucoup d’attente donc sur « Toucher la terre ferme »…

Et alors il est comment le dernier Julia Kerninon ? Il est sublime tout simplement. Il est aussi court qu’il est intense, il parle de l’amour, de la maternité, du fait d’être soi, du temps qui passe, de la permanence, de l’écriture, de la lecture. De la vie quoi.

Alors qu’elle vient de devenir mère, Julia Kerninon s’interroge : partir ou rester ? Où est passée cette vie d’aventure, de liberté, d’amour passionné – et parfois multiples – avec des hommes bohèmes ? Comment – pourquoi ? – la troquer contre la douleur de l’enfantement, les montées de lait, les nuits hachées ? Peut-elle supporter la régularité attendue d’une vie de mère et d’épouse ? Mais s’ancrer à une famille ce peut aussi être une forme de liberté, on le sait. Et c’est la sienne. Et il n’y a en l’espèce aucun renoncement à une vie antérieure mais un prolongement, un accomplissement. Le paradoxe n’en est pas un, et l’autrice (« l’écrivain », dit-elle) le met en mots de façon concise et sensible. 

Le texte est bref mais d’une profondeur folle. Les phrases pesées sont une ode d’amour, elles ruissellent sur la chair douce de ses enfants, la constance et l’évidence de son mari. Et pourtant beaucoup de choses ont été dites sur l’amour maternel… Mais Julia Kerninon renouvelle la chose en quelques pages de toute beauté.

Le tout est accompagné de citations, de phrases d’auteurs chéris qui l’ont accompagnée et  l’accompagnent encore, nous plongeant dans l’envie folle de les lire à notre tour.

Bref, un livre qui berce et émeut, aux prolongements certains.

Un bijou.

Marie-Eve